LABORATOIRE LÉON BRILLOUIN - RÉACTEUR ORPHÉE

La Gestation (1971 - 1980)

1971 : début des études de faisabilité d'un réacteur à faisceaux sortis (nommé alors EL'3) destiné à la recherche fondamentale.

31 août 1971 : divergence du Réacteur à Haut Flux (RHF) de l'Institut Laue Langevin (ILL) à Grenoble.

1973 : rapport "d'experts" demandé par la Direction du CNRS pour évaluer l'intérêt d'une source nationale : "Ainsi on en arrive à la conception d'une organisation [de la diffusion neutronique] à 2 niveaux : les piles nationale: 'normales' d'une part, et d'autre part, la pile RHF à haute performance. (....) Si plus de chercheurs peuvent utilise les piles nationales, cela ne réduira pas la clientèle française du RHF, mais au contraire cela l'augmentera par rapport à la situation présente à cause des demandes de ceux qui veulent compléter, développer, affiner de: mesures faites avec une pile nationale."

2 décembre 1974 : signature d'une convention entre le CEA et le CNRS créant le "Laboratoire Léon Brillouin (durée minimale de la convention : 10 ans) et un "conseil scientifique pour la diffraction et la spectroscopie neutronique" (Président André Guinier) : "Attendu que le CNRS et le CEA sont convaincus de l'importance croissante des méthodes de spectrométrie et de diffraction neutronique en physique, chimie et biologie et qu'il: souhaitent promouvoir et diffuser plus largement leur utilisation dans les laboratoires français. Attendu qu'il parait indispensable au CNRS et au CEA de continuer à disposer pour des expériences préparatoires et complémentaire; de celles de l’ILL de faisceaux de neutrons moins intenses et d'un emploi plus souple et moins onéreux. (...) Son créés : d'une part, un laboratoire commun dénommé Laboratoire Léon Brillouin (.. .) ; d'autre part un conseil scientifique ..."

juin, septembre 1975 : nomination des Directeurs du LLB : Marianne Lambert et Daniel Cribler ; première réunion du "conseil scientifique pour la diffraction ...." présidé par André Guinier.

janvier 1976 : le projet "EL'3" devient projet "Orphée".

Juin 1976 : début des travaux de construction du réacteur Orphée.

19 décembre 1980 : première divergence.

Naissance, premiers balbutiements, maladies d'enfance (1981 - 1984)

Le réacteur est inauguré le 26 février 1981 en présence de 3 ministres (les présidentielles sont proches !) A cette date, une petite dizaine de spectromètres sont en voie d'achèvement. Pendant 6 mois, divers essais e mesures à basse puissance sont conduits pour permettre la qualification du réacteur et de ses sources froides e chaude. Le fonctionnement à puissance nominale (14 MW) met en évidence le montage défectueux d'un joint et la nécessité de démonter tous les canaux. Ceci impose de longs et fréquents arrêts jusqu'au 2éme trimestre de l’année 1985.
Cette période est mise à profit pour achever la construction et procéder à la mise au point de nouveau spectromètres (parc de 16 spectromètres en 1983) et pour définir le mode futur de fonctionnement du LLB :
" nous avons à définir maintenant comment se fera l'accueil d'équipes provenant de laboratoires extérieurs. (... Nous comptons organiser des séances de travail communes centrées sur le type d'expérience de neutrons réaliser : les membres des équipes extérieures, comme ceux du LLB, devraient y présenter leurs projets d'étude expérimentales et nous espérons qu'une discussion en présence des chercheurs concernés permette d'établir u programme de travail qui ne pourra certainement pas satisfaire toutes les demandes mais devrait bénéficier de I compétence et de la bonne volonté de tous les participants." (extrait du "message des responsables" ; R. A. du LL 1981/1982). Cette définition de nos Tables Rondes (TR) est présentée à la communauté scientifique lors d'un "journée d'information" (3 juin 1982, 250 participants) et mise en application au 1er trimestre 1983 par l'organisation de 3 TR : diffusion aux petits angles ; diffusion inélastique ; diffusion par les amorphes, liquides et systèmes désordonnés.
A la fin de 1984, 18 spectromètres sont en service et leur programme expérimental défini par les TR.

L'adolescence (1985 - 1990)

Le réacteur fonctionne à merveille. C'est la période de montée en puissance du Laboratoire, de son parc d spectromètres (25 en 1990) et du nombre d'expériences réalisées (150 en 1985, 337 en 1990). Plusieur développements instrumentaux sont en cours : spectromètre à "écho de spin", réflectomètre, guide feuilleté analyse de polarisation sur un "3 axes", .... Des thèmes scientifiques porteurs d'avenir apparaissent et s développent : rhéologie des polymères, polymères cristaux liquides, gels, poly-électrolytes, études des surfaces et interfaces, biologie, quasi-cristaux, systèmes à électrons fortement corrélés, .... Mais, comme rien n'est jamais parfait : "Malgré l'effort effectué cette année par nos organismes de tutelle vis-à-vis du personnel technique, note devons constater que l'encadrement technique reste encore insuffisant, notamment du coté entretien de spectromètres, cryogénie et administration." (extrait du "message des responsables", R. A. du LLB 1987/1988).

février 1989 : signature d'une nouvelle convention CEA/CNRS sur le LLB ; durée minimale 6 ans.

L'âge adulte (1ère période : 1991 - 1995)

Cette période se caractérise, à son début, par une explosion de la demande (500 en 1992) due à l'arrêt (1990-1993) du RHF (ILL, Grenoble). Le réacteur fonctionne jusqu'à 250 jours par an. En même temps, le LLB accentue son ouverture vers les communautés scientifiques étrangères : accession aux programmes "Grandes Installations" de la Communauté Européenne, développement des relations avec les pays de l'Est et en particulier avec la Russie (Kurchatov, Gatchina), création des "Journées de la Neutronique", .... Coté instrumental, des actions sont lancées pour faire aboutir un projet conçu quelques années auparavant (Orphée Plus). II a pour but d'accroître l'offre en neutrons de faible énergie par la construction de nouveaux guides ; un 'workshop' européen est organisé à Saclay pour définir les appare ils à implanter. L'activité scientifique des chercheurs du Laboratoire est attestée par le nombre de publications qu'ils signent : 131 en 1985/1986 ; 215 en 1989/1990 ; 398 en 1995/1996.

La crise (de la quarantaine ?)

Cependant, et bien que le redémarrage du RHF n'ait pas entraîné une baisse importante de la demande, la fin de cette période voit s'accumuler les nuages noirs et sourdre les inquiétudes : "Mais les années 1995 et 1996 ont aussi été marquées par des évolutions importantes et contrastées du contexte national et européen, évolutions qui, ne laissent pas d'être inquiétantes pour l'avenir du Laboratoire. En effet (...) le climat évolue défavorablement pour la recherche fondamentale, et plus particulièrement pour les "Grands Instruments" ; dans un contexte de rigueur budgétaire accrue. " (Message de la direction ; R.A. 1995/1996). De plus, le rayonnement synch rotron a fait depuis 1993, date de démarrage effectif de l’ERSF, quelques percées expérimentales spectaculaires. Ceci amène certains ë se poser des questions sur l'avenir à moyen terme de la diffusion neutronique et la nécessité de financer 2 sources de neutrons (RHF et Orphée) en France. C'est pour y réfléchir que nos autorités de tutelle créent, en 1996, une "commission ad hoc" présidée par Roger Balian. Sans en attendre les conclusions, le CNRS dénonce, en décembre 1996, la convention qui le lie au CEA (préavis de 3 ans).

L'âge adulte (2ème période : 1998 - ?)

fin 1997 : la "Commission ad hoc" rend son rapport ; globalement favorable au maintien d'une source de neutrons à coté du RHF, elle propose un certain nombre de modifications dans le fonctionnement du LLB.

1998 : le CNRS demande à François Gautier de conduire une enquête dans les laboratoires français à fin d'évaluer le service rendu par la diffusion neutronique faite au LLB. Ce travail conclura : "le LL8 est un élément stratégique de la politique scientifique du CNRS". La Direction du CNRS décide alors de renégocier une convention avec le CEA.

1999 : le ministère met en cause la part, à ses yeux excessive, du budget de la recherche dévolue aux "Très: Grands Equipements" (TGE) ; il annule le projet de synchrotron français "Soleil".

C'est ainsi que, malgré le délai de 3 ans que s'étaient donnés les responsables du CEA et du CNRS, le 1er janvier 2000 rien n'est fait. Durant l'année 2000 le LLB a été maintenu en "survie" grâce à des artifices (pour 2001, une convention devrait être signée sous peu nous dit-on). II est tout aussi préoccupant de constater que depuis quelques années, la part du budget qui peut être consacrée à nos programmes de jouvence est tout à foi insuffisante si nous voulons rester compétitifs.

Le réacteur Orphée a 20 ans ; il est techniquement en parfait état et peut encore délivrer ses faisceaux de neutrons durant encore 20 ans au moins. La totalité des rapports, enquêtes, avis,... demandés à la communauté scientifique conclut au caractère irremplaçable des neutrons dans de nombreux domaines (magnétisme, excitation: de basse énergie, polymères, matière molle, localisation des hydrogènes dans les structures, mesures dans le! matériaux massifs,...) et à la nécessité de disposer, à coté de l'ILL, d'une source d'accès plus simple, "plus conviviale".

Directeurs du Laboratoire Léon Brillouin

1977 - 1981

Directeur : D. Cribier

Directeur adjoint: M. Lambert

1982 - 1990

Directeur : M. Lambert

Directeur adjoint : G. Jannink

1991 - 1993

Directeur : J. Rossat-Mignod
(décédé en Août 1993)

Directeur adjoint : C.Taupin

1994 - 2001

Directeur : C.H. de Novion

Directeur adjoint : C. Taupin (1994) ; J. Teixeira