Laboratoire Léon Brillouin

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BD diffusons les neutrons

Mesure d'opacités sur l'installation LULI et interprétation théorique
Mesure d'opacités sur l'installation LULI et interprétation théorique

Fig. 1. Exemple d’un échantillon, d’une cavité et d’une feuille pour la source de radiographie (au fond) utilisés pour les expériences de photo absorption


 

Collaborations : CEA/DAM/DIF), LULI/Ecole Polytechnique, CEA/DSM/IRFU/SAp


Les expériences d'absorption sont considérées par la communauté des plasmas denses comme le meilleur outil pour étudier la physique atomique des plasmas de laboratoire dans des conditions proches de l'Équilibre Thermodynamique Local (ETL). Ceci est en particulier vrai pour l'absorption dans le domaine des rayons X de l'ordre de 1000 eV et plus. En effet dans le processus de photo absorption les niveaux atomiques de départ sont ceux des électrons très liés. Les occupations de ces niveaux sont bien décrites par la statistique de Boltzmann quand le plasma est proche de l'ETL. D'autre part les expériences d'absorption par des cibles planes quasi homogènes chauffées radiativement peuvent être directement interprétées par des codes de physique atomique sans avoir recours à des codes hydrodynamiques complexes. De telles expériences ont eu un grand impact sur les codes de physique atomique des plasmas et nous permettent maintenant de choisir les approximations appropriées pour les méthodes statistiques nécessaires et employées dans ce domaine.


 

Principe des expériences


Typiquement, pour atteindre les conditions expérimentales requises, nous utilisons deux lasers. Le premier sert à chauffer l'échantillon. Il doit déposer suffisament d'énergie dans l'échantillon pour que les conditions thermodynamiques du plasma soient atteintes. C'est la raison pour laquelle on utilise un laser visible kJ avec une durée de l'ordre de la nanoseconde. Le principe du chauffage est basé sur le schéma de l'attaque indirecte mis en avant pour la fusion par confinement inertiel. Le laser est focalisé dans une cavité sur laquelle est collé sur un de ses trous l'échantillon, durant l'interaction un rayonnement d'équilibre, quasi planckien, sera émit permettant alors un chauffage quasi uniforme. Un deuxième laser est après utilisé pour réaliser une spectroscopie par projection, il impacte un matériau supplémentaire pour produire une source de rayons X destinée à la radiographie de l'échantillon. Préférentiellement, il s'agit d'un laser beaucoup court (e.g. picoseconde) puisque les conditions plasmas ne doivent pas trop varier dans le temps de la mesure. Avec un spectromètre suffisamment résolvant en bout de chaîne, nous obtenons ainsi la mesure recherchée de la photo absorption spectrale.

 
Mesure d'opacités sur l'installation LULI et interprétation théorique

Fig. 2. Schéma d’ensemble typique pour les expériences d’absorption

Mesure d'opacités sur l'installation LULI et interprétation théorique

Fig. 3. Image de caméra à balayage de fentes dans l’expérience ZnS avec résolution spectrale et temporelle


 

Mesures d'absorption dans Al et ZnS dans le domaine EUV


Ces mesures ont eu lieu sur l'installation LULI 2000 pendant les travaux de thèse de N. Kontogiannopoulos [École Polytechnique, Déc. 6, 2007]. L'absorption des cibles est mesurée avec des cavités en or. Une paroi de la cavité est chauffée par le laser principal qui transforme celle-ci en hohlraum, à son tour le hohlraum chauffe par un rayonnement proche du rayonnement de corps noir la cible principale qui se présente sous la forme d'une feuille très mince posée sur un trou de la cavité. Le rayonnement sonde produit par un autre plasma issu également d'une interaction laser-matière croise la cible principale durant son explosion hydrodynamique. Dans cette expérience l'objectif était d'étudier les propriétés d'absorption d'un plasma de mélange composé d'éléments de Z moyen (30) et petit (16). Les cibles d'aluminium ont été examinées pour effectuer des comparaisons et valider la physique des cavités. La figure 3 montre une image, en temps et en fréquence, typique de l'absorption par le ZnS.

 


 

Nous avons développé une interprétation théorique utilisant le code de superconfiguration SCO et/ou le code de termes détaillés HULLAC. Ceci permet d'identifier les principales structures apparaissant dans le spectre de ZnS. Les calculs des structures complexes pertinentes comme les transitions 3d-4f dans les ions Zn6+ jusqu'aux ions Zn8+ constitue un véritable enjeu.


 

Structures d'absorption 2p-3d dans des plasmas de métaux voisins : fer (Z=26), nickel (Z=28), cuivre (Z=29), zinc (Z=30), et germanium (Z=32)


 

L'expérience a eu lieu sur l'installation laser LULI 2000 dans la configuration NANO 2000 (laser nanoseconde) plus PICO 2000 (laser picoseconde). L'idée nouvelle principale réside dans le choix de la cible et de sa physique atomique, il s'agit de plasmas d'élément de Z voisins dans le but d'étudier l'élargissement thermique (des configurations) des structures des transitions 2p-3d. La température des plasmas était de l'ordre de 20  eV et la densité de l'ordre de 0.01 g/cm3. Une analyse théorique indique que la séparation des structures dans la transition 2p-3d due à l'interaction spin-orbite devrait progressivement ressortir dans ces spectres lorsque Z augmente dépassant alors l'élargissement thermique. Nous nous sommes focalisés sur la variation des raies d'absorption de cette transition avec le numéro atomique Z pour un nombre limité de valeurs (Z=26, 28, 29, 30 et 32) ; nous avons alors comparé cette dépendance en Z avec l'influence de la température qui induit un décalage et une superposition des structures dus à l'élargissement thermique des configurations. Ces études contribuent à la modélisation de  la séparation spin-orbite et des effets associés comme l'interaction entre sous-configurations relativistes. Ainsi l'utilisation d'éléments de Z différents nous aide à découpler la physique atomique inhérente des ions fortement chargés des effets thermiques. À partir de l'analyse  des plasmas de différents Z dans des conditions plasmas similaires, nous obtenons de l'information sur la compétition entre le couplage jj et le couplage intermédiaire. Par ailleurs, la position spectrale des transitions 2p-3d peut être utilisée comme un « thermomètre » puisqu'elle dépend fortement de la température. Cette dépendance peut également révéler la présence de gradients de température.

 
Mesure d'opacités sur l'installation LULI et interprétation théorique

Fig.4. Calculs préliminaires pour la transmission du fer, du nickel, du zinc et du germanium autorisant, ou non (trait fin), des gradients de température à un niveau déjà observé dans les campagnes expérimentales précédentes

Mesure d'opacités sur l'installation LULI et interprétation théorique

Fig.5. Transmission mesurée (en noir) d’un plasma de cuivre comparé avec deux courbes théoriques données par le code statistique SCO (en rouge) et le code détaillé HULLAC (en bleu) pour une densité de 5 mg/cm3 et une température de 15 eV

Sur la figure 5, nous présentons un exemple de la transmission mesurée dans le cas du chauffage radiatif d'un plasma de cuivre d'une densité surfacique de 40 µg/cm2 et deux courbes de transmission calculées avec le code SCO et le code HULLAC pour comparaison. Les structures d'absorption  proches des 13 Å correspondent aux transitions 2p-3d. Les positions des deux structures de la séparation spin-orbite dépendent de la température - les courbes théoriques pour la température de 15 eV montre le meilleur accord pour les structures 2p-3d de la transmission expérimentale.

[1] Mesure de coefficients d'absorption de plasmas créés par laser nanoseconde
Thais F., Chenais-Popovics C., Eidmann K., Bastiani S., Blenski T., Gilleron F.
Journal de Physique IV 127, 119 (2005)
[2] Measurement of XUV-absorption spectra of ZnS radiatively heated foils
Kontogiannopoulos N., Bastiani-Ceccotti S., Thais F., Sauvan P., Schott R., Fölsner W., Arnault P., Poirier M., Blenski T.
High Energy Density Physics 3, 149 (2007)
[3] Interpretation of some X-ray and XUV absorption experiments using SCO,
Arnault P., Blenski T., Dejonghe G.
High Energy Density Physics 3, 1 (2007)

 
#1205 - Màj : 11/10/2018

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